Nous ne sommes pas des anges.
Nous sommes des chiens,
des chiens qui n'ont d'autres signes lisibles que leurs odeurs d'aisselles.
Comme tous les chiens,
nous menons une vie de chien,
une chienne de vie
pour s'aimer sans chichi en plein jour dans la rue,
pour s'habiller de l'air du temps, pour avoir froid, avoir peur, avoir soif,
et se tenir au chaud l'un contre l'autre.
Nous mourons le soir pour renaître demain dans la chair et le sang.
Nous n'avons d'autres nœuds
que ces alliances scellées à peau germée de peau,
dans une faim de vivre toujours renouvelée
pour demeurer animaux doués pour le plaisir amants fidèles
liés par les chevilles mais toujours en errance.
Nous n'avons pas d'autre croyance que ces échos puissants de volupté,
en déclinant les douleurs tendres et filantes de la nuit
jusqu'au dernier baiser sur la bouche pour solde de tout compte,
comme un soleil insouciant de se noyer,
et qui revient demain, comme nous,
inlassablement mortel.